Je me souviens…

Je me souviens… des accidents

Je pense déjà avoir raconté de nombreuses péripéties, mais…

Je me souviens… l’ accident d’autobus le 25 novembre 1939, alors que j’étais soldat… Je me souviens de l’accident : coupure de mon majeur droit ; au fond de la mine… Je me souviens… de mon accident à vélo dans la descente de la Clarence, puis plus récemment, de mes chutes dans l’escalier à la maison…

Grâce à Dieu, j’ai de bons os , et Notre Seigneur veille sur moi Merci !

Je me souviens… d’une autre histoire vraie au Touquet : jeune marié, ce devait être vers 1946, nous habitions la villa « les Murex », rue de Metz ; nous avions invité des amis d’Arras : la famille Petit, charcutiers de la rue de Bapaume. Il faisait un très mauvais temps et alors que nous finissions le souper – panne de courant . Tout nouveau Touquettois, je sortis pour voir si le phare (qui à cette époque, brillait de tous ses feux, au sommet de l’hôtel de ville) fonctionnait encore. Alors que j’étais à peine descendu dans le petit jardinet, une faîtière de la villa se décrocha du plus haut de notre toit, pour venir me fracasser le crâne.
Vous dire, ce que j’ai perdu de sang !!!, rentrant dans le noir, dans la maison, j’ai maculé de sang toute l’entrée et le couloir jusqu’au plafond. Janine, ma chérie, m’a mis des serviettes sur les plaies et sommes partis à pieds (nous n’avions pas encore de voiture) chez le Docteur Chauvet, près du jardin d’Ypres où il résidait, mais à ce moment là, il recevait une grande réception en smoking. Cependant, en grand professionnel, il me posa des agrafes et me soigna énergiquement.
Quel travail a eu ma grande Chérie, une fois rentrés chez nous, pour nettoyer ce véritable bain de sang ! mais une fois encore, j’en suis bien sorti – Merci mon Dieu.

Je me souviens… peu de temps après, nous sommes allés au cinéma, rue Saint Jean au Touquet, voir « Dr Jeack Ill and Mister Hyde (excusez l’orthographe anglaise). J’avais encore la tête toute enturbannée de bandes Velpaux et sortant de la salle de cinéma, les cinéphiles me dévisageaient en m’appelant l’homme invisible.

Je me souviens… des Scouts de France

Je me souviens… que nos trois garçons, ont tous été Scout de France : Francis, l’aîné, après avoir été l’élu Scout de la région, pour représenter le scoutisme français au jamborée de Grèce en 1963 à Marathon, où il put rencontrer le roi Constantin de Grèce – Francis et Philippe ont participé au jamborée de 1967 aux Etats-Unis d’Amérique à Farragut park, près de Spokane dans l’état de l’Idaho.
Ce fut une énorme entreprise d’emmener 31 Scouts d’Arras à ce grand rassemblement des scouts du monde entier, siégeant tous les quatre ans.
La Ve Arras, avait à cette époque un chef de troupe remarquable en la personne de Jean Deleplanque (déjà cité). Chaque scout réalisait des extra-jobs. Philippe allait gratter des pierres tombales dans les nombreux cimetières militaires des environs d’Arras. Francis travaillait 18h par jour à la conserverie de petits pois de Ramecourt, près de St Pol sur Ternoise, et les plus jeunes (non partant, mais par esprit d’équipe) œuvraient à la cueillette de framboises revendues sur le marché… (Jean-Luc était de ceux-là). Ils ont tous durement travaillé pour partir et ce fut un mouvement fantastique de cohésion, pour réussir ce challenge, ce projet fou en 1967, d’emmener 31 jeunes garçons à plus de 8000 kms.
Que de souvenirs extraordinaires d’entraides, etc. Ces derniers, nous ne les revivrons plus jamais car la société française a malheureusement changé et les fondements de vie, les principes et les vertus, les forces ne se rassemblent plus !

Je me souviens… pour revenir à cette fameuse conserverie , j’avais été très étonné de constater les procédés de conservation : on nettoyait les fines carottes à l’ acide ! avant de les plonger dans des bains de liquide sucré avant cuisson. J’ai été encore plus surpris par le mode d’étiquetage des boîtes de conserve car l’usine sortait des petits pois de différentes marques, alors que les dits – petits pois venaient, eux, tous de la même production.

Les garçons , quelques années plus tard, construisirent des canoës en résine de vinyl. Les moules de fabrication étaient entreposés chez les amis Leduc à Achicourt ; c’était dangereux car l’on employait des produits chimiques. Il fallait aux jeunes beaucoup de précaution, toujours orchestrées par le fameux et bon chef de troupe.

Je me souviens… que mon épouse Janine réalisait une quantité importante de casse-croûtes pour les jeunes ; en ce temps la solidarité existait ! on se serrait les coudes avec les familles Leduc, Christians, Magnien, Boilot, Deleplanque, Dozias, etc.
C ‘était la bonne époque…
Je viens de parler de canoë et cela m’éveille de nouvelles anecdotes . Nous avions à Maintenay, au lieu-dit « les Maisonnettes » une petite résidence secondaire, une petite fermette chou tout plein (voir ma peinture, chez Janine, actuellement). Nous transportions le canoë sur le toit de notre Frégate, pour glisser au fil de l’eau le long de la Canche, de l’Authie et d’autres petits cours d’eau bien moins usités, dans la campagne profonde près de Montreuil sur Mer. Nos jeunes pagayaient et avec Julien Christiaens, j’ai voulu monter dans un canoë… tout allait bien le long du cours d’eau quand tout à coup, nous nous sommes rendus compte que nous devions passer sous un pont . Oh ! je dis pont – c ‘est un peu exagéré – les cultivateurs avaient construit un pont pour enjamber le cours d’ eau, leur permettant de faire passer leurs vaches, d’une pâture à une autre. Le revêtement de cette architecture était précaire et très vétuste, composé de simples planches vermoulues… bon , assis dans le canoë, nous étions en position trop haute pour glisser au dessous, c’est alors que nous nous sommes accrochés aux tiges métalliques qui soutenaient les fameuses planches du pont , laissant filer malencontreusement notre canoë…
Or nous ne savions pas nager, ni l’un ni l’autre ; nous avons tout de même lâché prise et avons pris un bain forcé tout habillé et après de gros efforts de survie, nous avons rejoint la berge où les vaches nous firent de bien vilains yeux en guise d’accueil. Et nous étions sans canoë, lui glissant au fil de l’eau, seul à la dérive … entraîné par le courant, ce dernier est allé s’échouer plus loin, dans des souches d’arbres, nous l’avons retrouvé facilement et nous, nous étions sauvés – nos épouses respectives, Simone et Janine, s’inquiétaient vivement de ne pas nous voir arriver !
Les Christiaens furent de très bons amis, Simone est décédée à Arras en 1999 à l’âge de 84 ans. Son mari Julien, est donc parti rejoindre son seul fils dans la région de Toulouse, (à ce jour il vient de décéder), où se dernier, après avoir vécu une carrière de pilote de chasse en qualité de Capitaine de l’armée de l’air, continue une seconde carrière en tant qu’instructeur chez Dassault aviation.

Revenons à notre bain forcé ; par la suite, une fois rentrés à la maisonnette, nous nous sommes changés, séchés au côté du bon feu de bois ; les portefeuilles étaient trempés, les billets de banque et pièces d ‘identités séchaient au fil au dessus du feu allumé et nous jurions ne plus monter dans un canoë !!! ayant échappé à la noyade sous le pont à Nempont Saint-Firmin…

Je me souviens… de la radio

Je me souviens… qu’étant jeune, j’avais 14 ans, j’étais passionné par la radio et je construisais des postes à galènes ; il fallait beaucoup de patience pour capter les ondes, mais une fois capté, l’audition était très pure. Ce petit matériel ne coutait pas cher et on le trouvait chez De Villemandy, rue des trois visages. Pour ma petite bourse, les écouteurs représentaient quand même une grosse somme.

Je me souviens, qu’en 1936, j’ai pu capter les cérémonies de l’inauguration très très solennelle du monument canadien à Vimy. Il y avait le président de la république, le roi d’Angleterre, une multitude de soldats et de nombreuses cornemuses.
Ce monument, connu dans le monde entier a été érigé pour glorifier les soldats canadiens morts dans des combats très violents, lors de la bataille du 9 avril 1917, venus pour sauver notre patrie. En leur honneur, et en leur mémoire, nous leur devons bien cela.
On a dénombré 11285 canadiens tués. C’est affreux ! Hélas, depuis, il y a eu d’autres guerres toutes autant fratricides.
De ma chambre, au second étage de la rue Jules Mathon, j’avais donc pu capter l’émouvante éloge funèbre de ces malheureux disparus.

Je me souviens… de nos chiens

Si je parlais un peu de nos chiens. Nous en avons presque toujours eu.

Je me souviens… que papa, petite place, avait un chien qui s’appelait Zim, une très brave bête, un vrai chien de chasse car papa s’adonnait un peu à cette distraction. Nous allions souvent avec bon papa (mon grand père), nous promener avec lui. Le chien couchait dans l’une des caves que nous avions mais il vaquait souvent en liberté, le soir on le faisait rentrer et je me souviens… que pour le retrouver il suffisait d’aller soit chez Robitaillie petite place ou encore chez Zinguerli rue du marché au Filé. Pourquoi ? Il s’agissait de deux pâtissiers et notre Zim adorait les gâteaux or à cette époque, tout le monde était sympathique.
Nous avons conservé Zim, rue Jules Mathon ainsi que rue du commandant Dumetz.

Je me souviens… que, lorsque maman faisait des crêpes, la première crêpe était destinée à notre chien, ce dernier sentait l’odeur de la pâtisserie.

Après notre mariage, au Touquet, nous avons eu notre propre chien et l’entreprise Delcourt chez qui j’étais déjà chef-comptable m’avait fabriqué une très belle niche pour le chien qui dormait dehors dans le jardin. Celui-ci nous a bien renversé nos poubelles ainsi que celles des voisins.

Grand’place à Arras, nous avons eu à nouveau un chien prénommé Agio (un beau nom pour un chien d’un comptable !!!) c’était un mignon chien, très petit, un teckel.

Après nous avons eu notre célèbre Snow, un petit loulou tout blanc (qui a vécu 22 ans avec nous) – Je l’avais encore avec moi à Hermies et Snow est presque morte dans mes bras, sur le divan, à ma rentrée du travail le soir, elle m’avait comme attendu pour me dire au revoir. Snow était douée d’une grande intelligence, une vraie chienne de cirque exécutant son numéro avec le bout de sucre sur son museau. Snow avait aussi un sacré caractère, et son caractère s’affirma lorsqu’elle mis au monde de jolis chiots.

Comme nous aimions, Janine et moi, les bêtes, j’ai acheté à Hermies, un super boxer, un chien adorable qui m’a pourtant fait beaucoup de fredaines (elle attrapait puis mangeait les poules du voisinage, etc.) mais très affectueuse, je pense n’avoir jamais eu de chien aussi gentil – elle s’amusait avec les enfants, on l’appelait Pistache.
Janine venait me rechercher à Hermies tous les vendredis soir et la chienne le sentait ! Pistache attendait sa maîtresse derrière la porte et se blottissait dans la voiture entre nos jambes, de peur qu’on l’oublie.
Un des grands plaisirs pour elle : c’était de sauter sur les jambes de Janine lorsqu’elle se reposait dans le fauteuil – une masse terriblement musclée mais avec de sacrés yeux doux…

Je me souviens… qu’un dimanche à Arras, rue de l’égalité, alors que nous étions partis à la messe avec nos enfants, à notre retour, nous avons eu la désagréable surprise de voir notre pièce remplie de plumes ; il en volait encore un peu partout : Pistache s’ennuyait seule et avait dévoré des coussins. Il y en avait partout, jusque dans ses narines et ailleurs… Bref nous l’aimions.
Lorsque je suis revenu définitivement travailler à Arras, j’ai donné ma Pistache… vous dire que j’ai eu du chagrin, cela n’est pas possible de l’écrire !

Mais au fait, pourquoi l’appeler Pistache ? A cette époque, nous étions très fréquemment avec nos amis Yvette et René Keer, les anglais et Yvette avait prétexté être la marraine de Pistache, elle a donc offert des dragées couleur pistache, alors qu’elle tenait encore le magasin de lingerie Etam, rue saint Aubert.
Tout allait bien, Yvette venant d’emménager, avec une moquette neuve… et bien notre chienne Pistache s’est oubliée, je m’en souviens !

J’éprouve un réel plaisir à écrire tous ces petits faits alors que j’étais avec ma chérie : le bon temps en somme…

 

Méta