Je me souviens… des Scouts de France
Je me souviens… que nos trois garçons, ont tous été Scout de France : Francis, l’aîné, après avoir été l’élu Scout de la région, pour représenter le scoutisme français au jamborée de Grèce en 1963 à Marathon, où il put rencontrer le roi Constantin de Grèce – Francis et Philippe ont participé au jamborée de 1967 aux Etats-Unis d’Amérique à Farragut park, près de Spokane dans l’état de l’Idaho.
Ce fut une énorme entreprise d’emmener 31 Scouts d’Arras à ce grand rassemblement des scouts du monde entier, siégeant tous les quatre ans.
La Ve Arras, avait à cette époque un chef de troupe remarquable en la personne de Jean Deleplanque (déjà cité). Chaque scout réalisait des extra-jobs. Philippe allait gratter des pierres tombales dans les nombreux cimetières militaires des environs d’Arras. Francis travaillait 18h par jour à la conserverie de petits pois de Ramecourt, près de St Pol sur Ternoise, et les plus jeunes (non partant, mais par esprit d’équipe) œuvraient à la cueillette de framboises revendues sur le marché… (Jean-Luc était de ceux-là). Ils ont tous durement travaillé pour partir et ce fut un mouvement fantastique de cohésion, pour réussir ce challenge, ce projet fou en 1967, d’emmener 31 jeunes garçons à plus de 8000 kms.
Que de souvenirs extraordinaires d’entraides, etc. Ces derniers, nous ne les revivrons plus jamais car la société française a malheureusement changé et les fondements de vie, les principes et les vertus, les forces ne se rassemblent plus !
Je me souviens… pour revenir à cette fameuse conserverie , j’avais été très étonné de constater les procédés de conservation : on nettoyait les fines carottes à l’ acide ! avant de les plonger dans des bains de liquide sucré avant cuisson. J’ai été encore plus surpris par le mode d’étiquetage des boîtes de conserve car l’usine sortait des petits pois de différentes marques, alors que les dits – petits pois venaient, eux, tous de la même production.
Les garçons , quelques années plus tard, construisirent des canoës en résine de vinyl. Les moules de fabrication étaient entreposés chez les amis Leduc à Achicourt ; c’était dangereux car l’on employait des produits chimiques. Il fallait aux jeunes beaucoup de précaution, toujours orchestrées par le fameux et bon chef de troupe.
Je me souviens… que mon épouse Janine réalisait une quantité importante de casse-croûtes pour les jeunes ; en ce temps la solidarité existait ! on se serrait les coudes avec les familles Leduc, Christians, Magnien, Boilot, Deleplanque, Dozias, etc.
C ‘était la bonne époque…
Je viens de parler de canoë et cela m’éveille de nouvelles anecdotes . Nous avions à Maintenay, au lieu-dit « les Maisonnettes » une petite résidence secondaire, une petite fermette chou tout plein (voir ma peinture, chez Janine, actuellement). Nous transportions le canoë sur le toit de notre Frégate, pour glisser au fil de l’eau le long de la Canche, de l’Authie et d’autres petits cours d’eau bien moins usités, dans la campagne profonde près de Montreuil sur Mer. Nos jeunes pagayaient et avec Julien Christiaens, j’ai voulu monter dans un canoë… tout allait bien le long du cours d’eau quand tout à coup, nous nous sommes rendus compte que nous devions passer sous un pont . Oh ! je dis pont – c ‘est un peu exagéré – les cultivateurs avaient construit un pont pour enjamber le cours d’ eau, leur permettant de faire passer leurs vaches, d’une pâture à une autre. Le revêtement de cette architecture était précaire et très vétuste, composé de simples planches vermoulues… bon , assis dans le canoë, nous étions en position trop haute pour glisser au dessous, c’est alors que nous nous sommes accrochés aux tiges métalliques qui soutenaient les fameuses planches du pont , laissant filer malencontreusement notre canoë…
Or nous ne savions pas nager, ni l’un ni l’autre ; nous avons tout de même lâché prise et avons pris un bain forcé tout habillé et après de gros efforts de survie, nous avons rejoint la berge où les vaches nous firent de bien vilains yeux en guise d’accueil. Et nous étions sans canoë, lui glissant au fil de l’eau, seul à la dérive … entraîné par le courant, ce dernier est allé s’échouer plus loin, dans des souches d’arbres, nous l’avons retrouvé facilement et nous, nous étions sauvés – nos épouses respectives, Simone et Janine, s’inquiétaient vivement de ne pas nous voir arriver !
Les Christiaens furent de très bons amis, Simone est décédée à Arras en 1999 à l’âge de 84 ans. Son mari Julien, est donc parti rejoindre son seul fils dans la région de Toulouse, (à ce jour il vient de décéder), où se dernier, après avoir vécu une carrière de pilote de chasse en qualité de Capitaine de l’armée de l’air, continue une seconde carrière en tant qu’instructeur chez Dassault aviation.
Revenons à notre bain forcé ; par la suite, une fois rentrés à la maisonnette, nous nous sommes changés, séchés au côté du bon feu de bois ; les portefeuilles étaient trempés, les billets de banque et pièces d ‘identités séchaient au fil au dessus du feu allumé et nous jurions ne plus monter dans un canoë !!! ayant échappé à la noyade sous le pont à Nempont Saint-Firmin…