Je me souviens… de ma première permission
Finalement, oui, j’ai réussi à prendre une permission pour Arras, le 24 décembre 1939, soir de la sainte nuit de Noël. Il neigeait très abondamment mais j’étais surtout fier de me rendre à la messe, une fois rentré sur Arras, en l’église de Saint Jean Baptiste, vêtu de mon bel uniforme d’aviateur et de porter ma superbe casquette.
Oui, je le répète, j’étais fier d’être soldat pour la patrie et mon papa, alors lui aussi !!!
Je me souviens… que ma petite sœur qui en fait est plus âgée que moi, m’a toujours bien gâté, déjà à cette époque là. Cette sainte nuit de Noël, elle m’offrit une eau de lavande de Coryse Salomé de la rue Désiré Delansorne, puis des cravates accompagnées de pochettes de chez Courdel de la rue Gambetta. Rien n’était trop beau pour son petit frère parti à la guerre.
C’est également ma sœur Marie-Thérèse qui était venue me rechercher au pensionnat des frères à Peruzvelt en Belgique, alors que mon grand père allait décéder… (Là encore de lourds souvenirs à vous conter.)
Eh bien Bon Papa a attendu que je revienne pour mourir et je me souviens parfaitement que je fus le seul à lui fermer les yeux.
Bon Papa, mon grand père est décédé, rue Jules Mathon, dans la chambre donnant sur le jardin, c’était en 1937.
Je m’en souviens, oh oui ; il était toujours de bonne humeur égale – chantonnait en se réveillant et n’ennuyait personne et fut toute sa vie très respecté de mon Papa, son beau fils.
Ah, il n’avait qu’un défaut, il fumait très peu la pipe, mais faisait les corvées de légumes de sa fille : Maman. Il ne faisait pas mais s’occupait de politique et m’avait appris par coeur les ministres de l’époque.
Naturellement, c’était la « droite » la meilleure !